Pionnière en matière d’improvisation vocale au tournant des années 70, la chanteuse Norma Winstone demeure, après plus de 50 ans d’une carrière aussi exigeante que diversifiée, l’un des secrets les mieux gardés du jazz expérimental européen. Dans un esprit chambriste renouant avec la grâce poétique du trio Azimuth qu’elle forma durant près de vingt ans avec le pianiste John Taylor et le trompettiste Kenny Wheeler, Norma Winstone trouve désormais dans son duo avec le pianiste britannique Kit Downes, tout en retenue et sous-entendus, un cadre intimiste idéal. La chanteuse y décline toute l’étendue de son art inimitable, conjuguant une grande plasticité avec un lyrisme ultra sensitif et un sens du swing délicatement resongé.

Ce quartet européen imaginé par Clément Janinet avec le Norvégien Arve Henriksen, la Française Ambre Vuillermoz et l’Allemand Robert Lucaciu est un bel exemple d’inventivité transfrontalière. Très actif en Europe, le violoniste français prolonge l'envie et les esthétiques de ses projets précédents, tels que O.U.R.S. et La Litanie des Cimes, pour remettre entre les mains de musicien·nes venu·es d’autres cultures les enjeux de l'imbrication de l'improvisation libre et des musiques répétitives classiques. Cette formule, où le violon dialogue avec trompette, accordéon et contrebasse, s’affranchit aussi des limites de répertoires. La musique baroque débat avec le nickelharpa suédois, l’improvisation avec le microtonal, la musique de chambre contemporaine avec les chants populaires de la tradition orale : une création à la fois de son temps et hors du temps.