Ce qui frappe la première oreille jetée dans la mêlée de jeux partagés par Samuel Blaser et Marc Ducret, c’est la fluidité.

Ils se reconnaissent l’un l’autre rapidement comme si le spectre sonore qui se tisse au fur et à mesure ici revenait d’un lointain exploré déjà, de contrées communes dont la mémoire resurgit soudain. Cette étoffe qui s’épaissit au gré de l’avancement dans les plages très texturées de cette musique en construction immédiate dit des dangers encourus, des écueils contournés du confort rassurant et qui au-delà, nous raconte l’histoire d’une rencontre, d’une aventure au long cours déjà, qui dit de la beauté apaisée mais complexe d’un voyage musical et humain mené côte à côte et qui fait comme chair commune, partagée.

Parfois, le vrombissement souterrain, la pulsation de vie qui nous guident tout au long de l’écoute pour mieux se reposer, sans se poser, décide de répits passagers.
Puis, la pluie sonore s’abat encore, fouette les volets clos d’abris imaginaires. 
Le continuum reprend sa marche, le dialogue poursuit sa route et c’est le chant conjoint des deux protagonistes qui subjugue. 
Ca discute, ça chahute, ça raconte par en-dessous, ça vole largement au-dessus du « toi ou du moi », ça « unissone » volontiers pour appuyer la portée du chant, puis ça s’écarte comme pour mieux se retrouver.

Maintenant, Il faut doucement glisser vers la fin et se laisser aller au cœur du son dont la texture se densifie encore.
Pour clore, c’est comme une chanson lente qui se raconte alors ; sombre et lumineuse à la fois, l’éclaircie apparait. 

Philippe Ochem

Samuel Blaser, trombone
Marc Ducret, guitare

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