Venus d’horizons esthétiques très divers, le guitariste danois Hasse Poulsen, le saxophoniste allemand Daniel Erdmann et le batteur français Edward Perraud forment depuis 20 ans, sous l’étendard de Das Kapital, une brigade internationaliste résolument avant-gardiste. Embrassant avec virtuosité tout le langage du jazz moderne et des musiques expérimentales contemporaines en une synthèse lyrique et spontanée d’une grande puissance expressive, les trois musiciens renouent avec la radicalité du geste totalement improvisé de leurs débuts. À la fois pulsionnelle et sophistiquée, leur musique transfigure en un mélange unique de tension, de profondeur et de légèreté, les tonalités sombres et inquiétantes de notre époque tourmentée en une extraordinaire explosion de vie.

Associant la trompettiste française Airelle Besson à deux figures éminentes de la jeune scène jazz d’outre-Rhin — le pianiste et claviériste Sebastian Sternal et le batteur Jonas Burgwinkel — ce trio à l’instrumentation aussi précieuse que périlleuse a choisi de fonder la singularité de sa musique sur l’éloquence de la litote et la dynamique du vide. A travers des formes brèves arrangées avec un vrai sens de la dramaturgie, les trois artistes déclinent tout un nuancier d’humeurs — passant de pièces lyriques aux tonalités mélancoliques magnifiées par l’élégance minimaliste du chant de la trompette, à d’espiègles exercices de style mettant en valeur l’art du groove et de la ponctuation de la batterie ainsi que le sens de l’architecture et de la mise en espace des claviers.