Contrebassiste virtuose, membre de l’Ensemble Musikfabrik, mais aussi soliste recherché par les plus grands compositeurs contemporains (Georges Aperghis, György Kurtág, Helmut Lachenmann), Florentin Ginot aime pour son propre compte développer des formes artistiques innovantes aux confins des genres et des pratiques. Invitant périodiquement des artistes d’univers très disparates à entrer en dialogue avec sa contrebasse (du DJ norvégien Deathprod à la joueuse d’oud Kamilya Jubran), il s’engage aujourd’hui dans un exercice solitaire remettant en jeu toutes les dimensions de son instrument. Qu’il transpose pour contrebasse la Chaconne de Bach ou métamorphose les sonorités de son instrument au prisme de traitements électroniques, Florentin Ginot en solo n’a qu’une obsession : faire de la musique le véhicule d’un authentique dépaysement.

Voilà quelque cinquante ans maintenant et leur première rencontre à Chicago dans l’effervescence d’une scène free marquée par les thèses syncrétiques de la Great Black Music, que le saxophoniste David Murray et le batteur Kahil El’Zabar arpentent les mêmes territoires imaginaires, explorant les liens entre toutes les formes prises par la musique noire aux USA au cours du XX^e siècle et l’Afrique matricielle confisquée par la déportation et l’esclavage. Réactivant la grande tradition du saxophone ténor allant de Coleman Hawkins à Albert Ayler, David Murray, toujours aussi lyrique, véhément et bouillonnant d’énergie, trouve dans la batterie pulsative et coloriste de El’Zabar le soutien idéal pour, dans un langage profondément ancré dans le blues, actualiser et renouveler les grands questionnements identitaires du peuple afro-américain.