ENGRAMS
MUSINA EBOBISSÉ QUINTET
Ce répertoire fut écrit, répété, joué de l’intérieur presque, au moment où la crise sanitaire nous éloignait les uns des autres, nous empêchait de transmettre. Il fallut garder pourtant l’énergie nécessaire à ce que la musique, elle, puisse se construire, puisse continuer à donner sens à nos vies au-delà du nécessaire.
Ces pistes gravées, donc fixées à un moment donné, mais ouvertes aussi comme autant de territoires à explorer furent essentielles pour se projeter dans l’après, celui du retour du scène.
A l’écoute, on découvre un univers fluide mais heureusement sinueux, qui s’inscrit dans l’histoire du jazz, de ce qu’il dit de l’époque sans jamais tenter de redire du passé.
Tout est parti de longues improvisations desquelles furent extraites les motifs principaux comme autant de prétextes, comme autant de balises, repères dans la nocive brume ambiante, comme pour mieux atteindre les rivages espérés dans pareils moments d’incertitude : « Dis, l’avenir, c’est quoi l’avenir ? »
Le contrepoint dans l’écriture pour alto et ténor dit clairement de la connivence des protagonistes et au-delà, du parfait interplay entre les cinq côtés de ce pentagone pacifique qui partagèrent ensemble la scène berlinoise pendant des années.
Pour terminer ces quelques notes, impressions, j’aimerais saluer le son de l’ensemble, la qualité de son interprétation collective et en particulier m’émerveiller du son du ténor, celui de Musina Ebobissé : fortement timbré, profond dans tous les registres, il est la marque des grands instrumentistes et, au-delà, des musiciens qui vont à l’essentiel.
Philippe Ochem, Jazzdor
DANS LES BACS LE 31 MARS 2023