Figure incontournable de l’effervescente scène bruxelloise des musiques alternatives, le saxophoniste Manuel Hermia a fondé la singularité de son univers artistique sur les séductions plurielles d’une musique puissamment syncrétique intégrant à la fois le geste libertaire du free jazz, la sophistication des musiques traditionnelles indiennes et moyen-orientales, et les sonorités brutes du post-rock contemporain. Entre déferlement d’énergie cathartique et raffinement formel, le trio funambulesque qu’il compose avec le violoncelliste Valentin Ceccaldi et le batteur Sylvain Darrifourcq donne un parfait aperçu de la tension féconde de sa musique des extrêmes fondée tour à tour sur la friction et la fusion des multiples langages invités à se fondre dans le geste réunificateur de l’improvisation.

Voilà plus de 25 ans que la chanteuse originaire des îles Moluques Monica Akihary s’est associée au guitariste et compositeur néerlandais Niels Brouwer pour fonder le duo Boi Akih, matrice insécable de formations hybrides et voyageuses brassant toutes les musiques du monde avec des partenaires chaque fois différents. C’est un nouveau septet qu’elle nous présente aujourd’hui, intégrant pour la première fois les musiciennes françaises Hélène Duret à la clarinette et Fanny Meteier au tuba et à la voix, pour une musique savamment métissée tant dans ses textures sonores mixant instruments acoustiques électroniques que dans ses influences. Transfigurant de sa voix chaude et minérale des paysages sonores complexes mêlant au jazz de multiples traditions européennes, indiennes et indonésiennes, Monica Akihary est une véritable enchanteresse.