JEAN-MARC FOLTZ
L'ALBUM WILD BEASTS
La complicité entre Jazzdor et Jean-Marc Foltz est une longue histoire jalonnée de créations et de projets partagés autour de la clarinette et au-delà. Nous vous parlerons ici de notre toute dernière collaboration : l’enregistrement de l’album "Wild Beasts"
Un concert en Première française à Jazzdor Strasbourg en 2018 puis en Première allemande à Jazzdor Berlin en juin 2019 en coproduction Jazzdor/Vision Fugitive ont emmené la fine équipe de "Wild Beasts" en studio en décembre 2018 pour graver les pistes du disque nouvellement paru en 2020 et unanimement salué par la presse, comme on dit (élu Citizen Jazz, CHOC Jazz Magazine, fff Telerama…).
CHRONIQUE
Personne n’a l’électricité ici : la musique traverse les murs.
C’est très boisé, loin des bornes et balises qui limitent les terrains, guident les mariniers, égarent parfois même les marins de grands huniers.
L’écriture de Jean-Marc Foltz est précise et la bande réunie une fois encore improvise aussi par tous les temps. Cette bande cherche le son d’une musique de chambre imaginaire qui s’invente au fur et à mesure, qui s’affranchit des codes. C’est rare donc nécessaire.
Assez unique pour attirer l’attention, le voyage musical conté ici dit de la nature, de l’animalité mais aussi d’une connivence de troupe, d’une famille musicale qui s’est trouvée il y a plus de dix ans, quatorze en fait.
Je suis l’animal. Non, c’est toi.
Ce sont les images du photographe Nicolas Bruant qui sont à l’origine des portraits musicaux composés par Jean-Marc Foltz dans cet album. La cinématographie évidente de ces voyages animaliers imaginaires, tour à tour évoqués, dit en musique d’une aventure qui dépasse la simple succession d’images juxtaposées. Il aura fallu les apprivoiser une à une, entrer dans la force de chacune, retrouver le souffle vital qui les anime pour inventer un parcours sonore qui les sublime.
Je suis un animal, un autre à chaque fois si je le décide. Je dis de la nature et de l’humanité.
J’imagine, je chante, je raconte, je dis d’une Afrique lointaine et sauvage, j’évoque de loin des maîtres de musique mais je tais leur nom : nous y sommes.
Si « Viracochas », premier album du quartet paru en 2013, évoquait des dieux andins qui habitaient les pierres, « Wild beasts » dit à son tour de l’esprit du divin présent autour de nous, de cet espace indicible entre l’homme et l’animal, de ce couloir poétique qui sans cesse nous relie l’un à l’autre tout en nous séparant.
Tenter de raconter sa propre histoire musicale à l’intérieur de celle plus large de la musique d’aujourd’hui reste un enjeu à chaque fois renouvelé. Le travail au long cours du label Vision Fugitive permet à chacun de ses protagonistes de suivre sa propre route, de creuser son sillon à son rythme en toute liberté.
Dans ce nouveau projet, toujours le même au fond mais différent à chaque fois, Jean-Marc Foltz confirme la qualité de son écriture empreinte d’onirisme et de spiritualité sans oublier un engagement rythmique sans faille puisant aux racines de l’Afrique et un son, dont le sien en particulier, absolument unique !
Prêter le flanc aux morsures délicieuses des histoires de « Wild Beasts » tient de l’expérience initiatique. Tout cela s’écoute assez fort au casque si possible. Sinon et au pire, vraiment très fort, dans un 4x4 décapotable roulant à tombeau ouvert dans le Kruger Park.
Philippe Ochem
WILD BEASTS
Avec Philippe Mouratouglou, guitares
Sébastien Boisseau, contrebasse
Christophe Marguet, batterie
Jean-Marc Foltz, clarinettes
Site internet du projet
Teaser vidéo
BIO
Etre né dans une région frontalière prédispose-t-il au décloisonnement des oreilles ? Grandi entre répertoire symphonique, musique vocale et orchestres de swing, Jean-Marc Foltz négocie ensuite de fructueux zigzags, favorisé par une curiosité aiguisée et des rencontres opportunes qui font de lui un clarinettiste majeur et des plus atypiques en ce début de siècle. Rompu à l’interprétation classique, vite attiré par la musique contemporaine, il intègre dès 1988 les ensembles Accroche Note, Musikfabrik, InterContemporain ou United Instruments of Lucillin (France, Allemagne, Luxembourg : le tropisme transfrontalier ?) qui l’aident à creuser la relation instrumentiste-compositeur et à approfondir sa connaissance des langages. Ouvert à la diversité des « familles » du jazz, il noue à partir de 2000 de solides liens avec Claude Tchamitchian (Grand Lousadzak), Bill Carrothers (Armistice Band, Playday, To The Moon), Armand Angster et Sylvain Kassap (Trio de Clarinettes) et surtout Stéphan Oliva et Bruno Chevillon, complices et amis en duo ou trio… Polyglotte, Jean-Marc Foltz possède un « bagage » de voyageur insatiable. Raison de plus pour aller vers les musiciens traditionnels Araïk Bartikian et Keyvan Chemirani, le théâtre avec Hannah Schygulla, accompagner la harpiste Anja Linder, développer ses propres compositions ou imaginer avec Stéphan Oliva « Visions Fugitives », nouveau programme en duo … Suite logique de cette pratique des musiques vives : la création « en trio », à l’initiative de Philippe Mouratoglou et avec Philippe Ghielmetti, de Vision Fugitive, label ouvert et éclectique.